le 1er octobre 2013

Le 1er octobre? Demain? Non, ce n'est pas possible!! Le temps s'est écoulé beaucoup trop vite, c'est une erreur! On peut faire un retour en arrière?

Tu sais, chéri, j'ai bien réfléchi, et finalement, j'y vais pas demain. Tu sais, j'ai pas envie de payer des gens pour s'occuper des enfants à ma place. J'ai pas envie de courir après le temps. J'ai pas envie de m'occuper des problèmes des riches: "au secours, MME Noblet, tous mes livrets sont pleins, j'ai peur des actions et surtout, surtout je ne veux pas payer d'impôts!" . J'ai pas envie, non plus, de m'occuper des problèmes des pauvres: "au secours, MME Noblet, j'ai plus un rond pour finir le mois et surtout, surtout, je ne veux pas payer d'agios!" J'ai pas envie de recevoir un mail de ma direction me demandant pour la millième fois pourquoi je ne vends pas plus de carte bleue et de refaire le même copié collé pour leur rererereexpliquer que les vieux n'aiment pas les cartes bleues. Bref, j'ai pas envie.

Au cours de cette année, je les ai souvent croisé ces gentils clients qui me demandaient avec un grand sourire: "quand est-ce que vous revenez? Vous nous manquez" Et je répondais un laconique :" le 1er octobre" alors que j'aurai tant voulu leur répondre "jamais!" et partir d'un grand rire sardonique (mais pas trop sardonique quand même) devant leurs mines ébahies.

Demain, c'est la rentrée. Je fais ma cancre, je n'ai préparé ni mes affaires, ni mon cartable. J'ai pas envie.

Je sais qu'ils sont là à me guetter, près de la porte d'entrée. Ils me l'ont dit: "je viens vous voir mardi!" De toute façon, j'ai même plus les clefs de la porte d'entrée. Je me souviens vaguement de mon identifiant, j'ai du faire un effort de mémoire pour le retrouver. Il faudra me donner un nouveau code secret pour l'ordinateur. Au vu de la réactivité, il faudra une bonne partie de la matinée avant que le sésame me parvienne.

Ils seront sincères, ils seront contents de me revoir et moi, je ferai semblant pour ne pas les décevoir. J'aurai la mine réjouie, épanouie parce que ça suffit les vacances et qu'il y en a marre de les torcher ces mômes, c'est vrai, quoi!

Il y aura ceux qui ne seront pas contents de me revoir et avec eux, ce sera bien, parce que je n'aurai pas à faire semblant.  

Demain matin, on se lèvera une heure plus tôt, une heure plus tôt pour les garçons et plus de 3 heures pour Gersande, adepte de la grass'mat. Je larguerai les garçons à 7h45 à la garderie avant d'emmener Gersande chez sa nounou. J'entends déjà Enguerrand bougonner et se plaindre, Guilherm sera déjà levé et Gersande sera toute étonnée de se faire réveiller. Je n'irai plus chercher mes enfants à 16h30, c'est la garde d'enfants récemment embauchée qui le fera à ma place. Ce sera certainement le moment de la journée le plus éprouvant: pas de baisers à la grille d'entrée, pas de goûter à partager mais je me consolerai en pensant que je me taperai pas les voix braillardes de Gulli. 18 heures sonnera la délivrance et je me précipiterai pour aller chercher la princesse bulldozer et retrouver les garçons.

Je sais déjà que la soirée risque d'être éprouvante car ma chère et tendre progéniture me fera certainement payer mon lâche abandon pour cause de factures et prêt immobilier à payer.

Enfin, bon, ça, c'est le premier jour. C'est toujours comme ça le premier jour de rentrée, non? On pleure un peu et puis finalement, on reprend ses marques, ses habitudes. Et puis, aussi, c'est la Crise et t'as bien de la chance d'avoir du boulot alors arrête de chialer et de nous faire chier, si t'en avais pas, tu chialerais parce que t'en as pas, de boulot!! Tu sais combien il y en a qui voudrait être à ta place, hein??? Oui, bon, ça va là!! je vais donc plutôt me dire que j'ai beaucoup mais alors vraiment beaucoup de chance... Pathétique? oui, un peu, parce qu'avec le temps, avec les enfants, je suis devenue une maman et que l'essentiel c'est eux, c'est nous. Le bonheur, c'est maintenant pas dans 20 ans.